Euroligue : C’est parti pour le Final Four !
Brittney GRINER et Ekaterinbourg sont favorites dans ce Final Four © basket.ugmk.com
Programme des demi-finales (16/04/2021) :
Fenerbahçe | Ekaterinbourg |
Salamanque | Sopron |
C’est donc à Istanbul que la FIBA Europe a décidé de faire se disputer le dernier carré de l’Euroligue en cette année 2021. L’an dernier, pour la première fois depuis sa création en 1959, sous le nom de Coupe d’Europe des Clubs Champions qui pris le nom d’Euroligue en 1997, la compétition ne put aller à son terme et fut stoppée au niveau des quarts de finale en raison de la pandémie de COVID-19 qui envahit l’Europe.
Depuis la victoire de Valenciennes à Pécs (Hongrie) en 2004, trois pays seulement se sont partagés le trophée : la Russie 10 fois (Samara, Spartak Region Moscou, Dynamo de Kursk et bien sûr l’UMMC Ekaterinbourg), la République Tchèque 2 fois (Gambrinus Brno et USK Prague), l’Espagne 2 fois (Salamanque et Ros Casares Valence) et la Turquie 1 fois avec Galatasaray.
C’est la troisième fois en dix ans qu’Istanbul accueille la phase finale de l’Euroligue, cette fois-ci dans une salle de 5000 places inaugurée en 2015 dans le quartier de Maslak, qui avec Levent à Besiktas, est l’un des principaux quartiers d’affaires d’Istanbul situé sur la rive européenne. Mais cette fois-ci, la salle sera bien vide puisqu’il n’y aura pas de spectateurs.
Examinons les forces en présence
L’UMMC Ekaterinbourg part évidemment grandissime favori.
Il est loin le temps où le club de Sibérie Occidentale au pied du massif de l’Oural versant oriental à 1500 km de Moscou était accroché en finale au Prado en 2003 par l’USVO (82-80) et remportait son premier titre européen.
Un peu d’histoire ne fait pas de mal car elle explique la prospérité du coin en plus des ressources naturelles. A l’époque soviétique, la ville, d’aujourd’hui 1,5 millions d’habitants, s’appelait Sverdlovsk mais la richesse de la ville bascula en 1941 lorsque Staline décida de transférer à Ekaterinbourg, hors de portée des bombardiers allemands, toutes les usines d’armement de la région moscovite. La ville et sa région prirent alors un essor considérable dans le cadre du complexe militaro-industriel de l’ère soviétique et la ville fut déclarée « ville fermée », c’est-à-dire interdite aux étrangers de 1960 à 1990.
A la chute de l’URSS en 1991, les entreprises de cuivre existantes sont ouvertes au rachat et en 1999, Iskander Makhmudov, industriel russe originaire d’Ouzbékistan, ainsi que ses associés, fondent officiellement la compagnie UMMC qui entreprend par la suite une diversification de ses activités.
Tout cela pour dire que l’UMMC Ekaterinbourg dispose de moyens considérables du moins au niveau d’un club de basket féminin qui n’exige pas les sommes du football masculin.
L’équipe est monstrueuse et ne semble pouvoir être battue que par elle-même. C’est en quelque sorte le « Daugava Riga » des temps modernes où la gigantesque Uljana SEMJONOVA (2,13 m) régnait en maître. Elle est composée des meilleures Américaines : Breanna STEWARD, Brittney GRINER ; certaines ont acquis des nationalités originales : Allie QUIGLEY et Courtney VANDERSLOOT sont Hongroises, Jonquel JONES est Bosnienne. Mais les Européennes ne sont pas mal non plus : l’Espagnole Alba TORRENS et bien évidemment la Belge Emma MEESSEMAN. A cela s’ajoutent quelques Russes, obligatoires pour jouer le championnat de Russie et surtout la coupe. On citera notamment la jeune Maria VADEEVA et les « playmakers », les vétéranes Evgeniia BELYAKOVA (34 ans), Elena BEGLOVA (33 ans). L’ensemble du « roster » contient seize noms.
« Abondance de biens ne nuit pas » dit le proverbe français et cela semble pouvoir s’appliquer à l’UMMC Ekaterinbourg si l’on examine ses performances : 8 victoires en Euroligue cette saison sur huit matchs disputés avec souvent des écarts élevés : +22 contre Schio, +27 contre Gérone, +49 contre Riga, +35 contre Koursk…Il en est de même en championnat de Russie où l’UMMC Ekaterinbourg s’est défait en demi-finale du NIKA Syktyvkar en deux manches respectivement +23 et +46 et affrontera le Dynamo de Kursk où Maria VADEEVA retrouvera sa complice et amie de l’équipe nationale russe Raisa MUSINA qui a quitté Ekaterinburg faute de temps de jeu.
Alors quel peut bien être le risque pour ce géant de l’Oural ? La réponse que doit gérer l’excellent coach espagnol Miguel MENDEZ est : la routine voire la lassitude surtout pour les joueuses qui sont trop longtemps sur le banc et qui, quand elles rentrent, oublient un peu leurs partenaires. Mais il faut aussi en face une équipe en surrégime.
Cette équipe peut-elle être le Fenerbahce Oznur Kablo ? Bien sûr, le « Fener » comme on dit à Istanbul, rêverait d’égaler son grand rival stambouliote le Galatasaray SK qui l’avait précisément battu en finale de l’Euroligue en 2014 et était devenu « à jamais le premier » en Turquie. Le club qui est une entité omnisport a un long passé puisqu’il a été fondé en 1907. Il jouait à l’époque de Constantinople (le nom d’Istanbul n’est officiellement appliqué qu’à partir de 1930) en jaune et blanc et là deux légendes s’opposent : celle majoritaire qui explique que ces couleurs font référence aux jonquilles voire aux pâquerettes, celle plus rare et plus étonnante aux couleurs du Vatican et expliquerait le passage au bleu marine et jaune.
En ont-elles les moyens ? Sans doute pas. L’équipe, autrefois entrainée par Valérie GARNIER, dispose d’un « roster » impressionnant avec notamment deux vraies Américaines Kayla McBRIDE et Jasmine THOMAS, deux naturalisées : Kiah STOKES (Turque) et Kia VAUGHN (Tchèque) mais aussi de nombreuses Européennes de talent : Satou SABALLY (Allemande), Cécilia ZANDALASINI (Italienne), Laura NICHOLLS (Espagnole), Alina IAGOUPOVA (Ukrainienne) et quelques vraies Turques qui jouent dans l’équipe nationale de Turquie et notamment Olcay CAKIR et Tugce CANITEZ. Le « roster » compte au total 15 joueuses.
Les performances cette année en Euroligue ont été en dents de scie avec notamment une victoire de 29 points sur l’U. S. K. Prague et l’élimination en quarts de finale du rival Galatasaray au bénéfice du point-average sur deux manches. Mais nous Français, nous retiendrons surtout la victoire des Lyonnaises de 14 points à Istanbul le 4 décembre 2020 (84-70) et leur petite défaite 65-67 au match retour à Prague le 22 Janvier 2021. Précisons enfin que dans le championnat de Turquie, le Fenerbahce Oznur Kablo s’est qualifié pour la finale.
Certes l’on pourrait dire que le « Fener », joue chez lui à Istanbul mais elles ne joueront pas dans la même salle, la leur, Caferaga Sports Hall, est plus petite (1250 places) et située sur la rive anatolienne. En outre, l’apport du public devrait être limité.
En conclusion, il faudrait un très grand « Fener » pour battre dans cette demi-finale qui apparait comme une finale avant l’heure, une équipe d’Ekaterinbourg qui, elle, serait dans un très mauvaisjour. Et cela d’autant que le Fenerbahce Istanbul a un mauvais souvenir de l’Oural où il s’est incliné en finale en 2017 contre le Dynamo de Koursk à… Ekaterinbourg (!) et reste sur trois finales perdues.
L’autre demi-finale opposera les Espagnoles de alamanque au Sopron Basket.
Salamanque, au contraire, garde un bon souvenir d’Ekaterinbourg puisque c’est dans cette ville que le club espagnol alors sous l’appellation Halcon Avenida Salamanque a remporté en 2011 le précieux trophée contre le Spartak Moscou Region. Dix ans après, il part légèrement favori contre Sopron mais pas contre Ekaterinbourg même si son nom est devenu Perfumerias Avenida.
Ses résultats cette saison en Euroligue sont très bons avec 8 victoires sur 8 matchs disputés et quelques écarts notables notamment contre Nadezhda Orenbourg (+55 à Salamanque). Il faut tout de même reconnaitre que 6 des 8 matchs eurent lieu à Salamanque. En quart de finale, les Espagnoles ont éliminé leurs compatriotes de Gérone. En championnat d’Espagne, les Salamantines se sont qualifiées en deux manches contre Gran Canaria pour les demi-finales.
Le Perfumerias Avenida Salamanque peut s’appuyer sur quelques joueuses connues et notamment les deux sœurs Karlie et surtout Katie Lou SAMUELSON, qui, elle, a joué aux Flammes Carolo lors de la saison 2019-2020 ainsi que les expérimentées Espagnoles Silvia DOMINGUEZ (34 ans) et Leonor RODRIGUEZ (29 ans) ainsi que la Serbe d’origine bosnienne Nikolina MILIC et la Néerlandaise Emese HOF.
Leurs adversaires en demi-finale à Istanbul sera le Sopron Basket qui n’a jamais joué de finale d’Euroligue et qui a disputé 6 de ses 8 matchs à domicile et est allé gagner au Prado contre le club local et Basket Landes. Mais le match à retenir qui lui permet d’être à Istanbul vendredi, c’est sa victoire du premier match contre le LDLC ASVEL Féminin à Sopron, le 17 mars de 28 points. Que s’est-il passé ce soir-là dans la tête des Rhodaniennes ? Personne ne le saura jamais et ceci fut d’autant plus surprenant que Lyon emporta deux jours après toujours à Sopron, le match retour en ayant refait à la mi-temps la moitié de son retard du match aller. Les supporters lyonnais ont l’impression que le LDLC ASVEL Féminin est passé cette année, dans des conditions très particulières, à côté d’un grand exploit car la demi-finale qui aurait suivi semblait abordable pour une équipe lyonnaise au complet.
Sopron Basket possède en ses rangs une joueuse merveilleuse Gabrielle Lisa WILLIAMS dite Gabby WILLIAMS (24 points, 25 d’évaluation contre Lyon) que le couple WADE avait fait une nouvelle fois (elle a déjà joué à Naples et à Gérone lors de la saison 2018-2019) traverser l’Atlantique de Chicago à Montpellier mais qui n’avait pas comme seule référence le Sky car elle avait remporté deux fois le championnat universitaire américain (la NCAA) avec les Huskies du Connecticut. Elle est le prototype du poste 3 moderne alliant vitesse, puissance et détermination, un peu à l’image de Maya MOORE où d’Angel McCOUGHTRY. Elle a la particularité de posséder la double nationalité américaine et française et constitue à 24 ans, l’un des plus grands espoirs du basket européen. Elle pourrait être épaulée par les deux Serbes de l’équipe nationale de Marina MALJKOVIC : Jelena BROOKS (née MILOVANOVIC) et Tina KRAJISNIC (née JOVANOVIC). Les joueuses hongroises sont représentées dans cette équipe par la meneuse Zsofia FEGYVERNEKY et l’intérieure Bernadett HATAR (2,08 m) ainsi que les sœurs VARGA, Aliz et Kamilla.
Cette demi-finale parait plus équilibrée que la première, alors rendez-vous Vendredi dans notre Programme Web TV pour retrouver les liens qui vous permettront de suivre ce Final Four de l’Euroligue.