Kévin BROHAN (Calais) : « Me lancer dans un nouveau challenge »
Le technicien originaire de Vendée va se tourner vers de nouveaux horizons © Michel DE SMEDT
Le week-end dernier, Calais a achevé sa saison 2021-2022 en se maintenant en Ligue et en battant le leader, Toulouse (67-65). Ce match était teinté d’émotion car, même si nous avions choisi de ne pas en parler précédemment, c’était le dernier de Kévin BROHAN sur le banc du COB après 10 ans en tant que coach principal du club et 15 au total dans ce même club. Nous sommes donc allés à sa rencontre.
Ton équipe vient de terminer une nouvelle saison en Ligue 2 et a une nouvelle fois su s’y maintenir. Quel bilan fais-tu de cet exercice 2021-2022 ?
La saison a été très compliquée au niveau « extra-basket ». On a eu beaucoup de difficultés par rapport à l’effectif : des blessures, des raisons personnelles. Et ce dès le début de saison avec l’Américaine Shakayla THOMAS qui a dû repartir aux Etats-Unis après le premier match pour des raisons personnelles et qui est revenue quelques semaines plus tard. Ensuite, on a donc dû faire face à des blessures mais aussi à des cas de COVID-19 avec des matches qu’on n’a pas pu reporter. On a donc toujours été en difficulté sur toute la saison et même lors du dernier match contre Toulouse où on a dû faire sans Anaïs VIELOTTE qui a été absente à cause du COVID-19. Mais ce qui a fait notre force dans tous ces bouleversements, c’est qu’on a pu être vachement solidaires entre nous et que les filles n’ont jamais lâché. Elles ont vraiment bossé sans relâche pour pouvoir être performantes. C’a été difficile sur la première phase où on ne gagne que 2 matches. Sur la deuxième partie, c’est quand même nettement mieux : on arrive à en gagner 7 dont 6 sur les 7 derniers matches. C’est donc assez exceptionnel avec 2 joueuses vraiment majeures, Fleur DEVILLERS et Maud STERVINOU, qui faisaient vraiment partie intégrante du leadership de l’équipe et qui étaient absentes. Mais on a réussi à trouver d’autres joueuses derrière pour prendre le relais mais c’est vraiment le groupe qui a fait la différence : défensivement, on s’est beaucoup plus ressoudé. Et ça nous a permis de faire une deuxième partie de saison bien plus efficace.
Quelques jours après le dernier match face à Toulouse, tu as publié via les réseaux sociaux du COB, un long et émouvant texte dans lequel tu annonces que tu vas quitter le club au sein duquel tu as officié durant pas moins de 15 ans. Peux-tu nous expliquer ce choix ?
J’ai choisi de ne pas prolonger au COB Calais car, depuis 2 ans, je réfléchissais déjà à « comment je pourrais évoluer ? » par rapport à un contexte personnel. Ca fait plusieurs années où beaucoup de joueuses passent entre nos mains et où l’on fait beaucoup de développement individuel. Je me rends compte que c’est là où je suis le plus efficace et c’est ce que j’aime faire. J’ai passé un diplôme qui est issu de l’approche « action type » sur les préférences motrices et mentales. C’est une méthode nouvelle qui est beaucoup utilisée dans le football, le hockey sur glace, mais aussi de nombreux sports individuels comme le golf. Dans le basket, il n’y a pas beaucoup de personnes qui l’utilisent donc je veux vraiment essayer de développer ça pendant quelques temps pour pouvoir rendre meilleurs les joueurs ou les joueuses comme j’ai pu faire durant ces 15 dernières années. C’est surtout pour ça que je voulais changer de voie, me lancer dans un nouveau challenge. Pour autant, ça ne veut pas dire que je ne réentraînerai pas une équipe, on verra ! Aujourd’hui, je ne pars pas pour aller dans un club. Je veux juste trouver un nouvel élan dans la suite de ma carrière professionnelle.
On imagine que 15 longues et belles années ne peuvent se résumer en quelques lignes mais quels sont tes souvenirs au sein du COB ?
Chaque année, il y a eu forcément plein de souvenirs, que ce soit quand on a eu des bons ou des mauvais résultats. Forcément, le meilleur souvenir reste quand même la saison 2013-2014 avec nos 22 victoires d’affilée et la montée en Ligue Féminine après 2 ans en Ligue 2. On a vécu une saison extraordinaire, un peu comme la fin de cette saison-ci où on a enchaîné les victoires. Le groupe avait pris sur de la cohésion d’équipe donc c’est forcément un bon souvenir avec une meneuse de jeu, Aurélie CIBERT, qui gérait super bien alors que moi j’étais encore un jeune entraîneur, il y a 8 ans, donc c’était important d’avoir un groupe comme ça. A l’inverse, je n’ai pas forcément de mauvais souvenir parce que ça nous a construit aussi, je ne retiens surtout que des bonnes choses qui ont été importantes chaque saison. La saison qui m’a marqué est donc celle où on monte en LFB parce qu’elle a été importante pour le club, ça l’a aidé à s’en sortir financièrement, à pouvoir se stabiliser et surtout le maintenir depuis 1990 toujours en première ou deuxième division. Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de clubs qui peuvent se permettre de dire qu’ils restent plus de 30 ans à ce niveau-là. Cette année est particulière aussi parce que la fin de saison est un peu exceptionnelle compte tenu du nombre de blessures qu’on a eu. Il nous arrivait toujours quelque chose mais on a quand même su s’en sortir comme un Phénix, comme dans un bon film au cinéma. Ca restera aussi gravé, c’est aussi pour ça qu’on fait cette discipline !
Même si, dans ces cas-là, on retient principalement le positif, as-tu des regrets si tu repenses à ces 15 dernières années ?
J’y ai un peu répondu sur la question précédente mais non, je n’ai pas de regret. Je ne suis pas quelqu’un qui vit dans les regrets mais toujours dans la reconstruction des choses. Il y a sans doute des choses qui m’ont permis par la suite d’agir différemment mais je n’ai pas de regret. La vie est faite d’opportunités, de créations. Moi je vis pour vivre des expériences humaines et je les ai vécues chaque année par le biais des joueuses, des dirigeants, des amis, des nouvelles rencontres.
Tu l’as déjà fait dans le texte que l’on a évoqué précédemment mais as-tu un message à faire passer à certaines personnes ?
Je ne vais pas rappeler toutes les personnes que j’ai pu remercier dans mon texte mais je voudrais à nouveau remercier toutes les personnes que j’ai pu côtoyer dans ce milieu et mes proches.
Kévin, en lisant les messages laissés par tes homologues et par certaines joueuses que tu as eues sour ta direction, on se dit que, même si ce n’est qu’un « au revoir », tu as marqué à ta manière non seulement le COB mais aussi le basket féminin français. La rédaction de Postup.fr te félicite donc pour ce beau parcours, te remercie d’être l’un de nos plus fidèles lecteurs avec tant d’assiduité et te souhaite plein de belles choses dans tes futurs projets, qu’ils soient personnels ou professionnels !