Marina MALJKOVIC (Shanghai et Serbie) : « Cette expérience en Chine va être énorme ! »
La technicienne franco-serbe est prête à relever de nouveau défi © Ahmet TOKYAY
Quelques jours après l’annonce de son départ du banc de Galatasaray vers la Chine et Shanghai mais aussi un rassemblement de l’équipe de Serbie, Marina MALJKOVIC a accepté de répondre à nos questions. Nous l’en remercions chaleureusement.
A la surprise générale, tu as résilié ton contrat avec Galatasaray. Peux-tu nous expliquer ce qui s’est passé ?
Après une saison très difficile en dehors du terrain avec des élections en Turquie, beaucoup de problèmes pour le club en général et pas uniquement la section basket (changement de président, par exemple), c’était quelque chose de très grand d’avoir remporté l’Eurocoupe. Mais malgré ce trophée, les dirigeants n’étaient pas plus emballés que cela en ce qui concerne le basket féminin. Ils n’avaient pas forcément beaucoup de motivation pour aller encore plus loin. Ils sont nouveaux dans le club et ce n’est pas tout à fait logique mais bon, c’est comme ça ! Ils veulent que la saison prochaine soit plus dans la stabilité, pas forcément faire de grandes choses ou alors uniquement au niveau de leur équipe de football. Et seulement après, ils verront ce qui se passe à l’avenir dans les autres sports.
Pourtant, sur le plan sportif, tout semblait bien se passer là-bas. Quel bilan fais-tu de ces 2 années passées en Turquie ?
La première année, il n’y avait pas vraiment d’objectif affiché, à part peut-être celui de rester en première division. Il ne faut pas oublier que quand je suis arrivée à Galatasaray, c’était un des plus petits budgets de l’Histoire du club. Ils n’avaient pratiquement aucun objectif à part de travailler surtout avec les jeunes joueuses. Malgré tout, on a terminé à la troisième place du championnat et on s’est qualifiées pour l’Euroligue donc c’était énorme !
La deuxième année a, comme je l’ai dit précédemment, été perturbée par les événements en dehors du terrain mais la victoire en Eurocoupe est vraiment inoubliable, dans une situation où les joueuses y ont cru jusqu’à la fin. Elles n’ont jamais lâché malgré les difficultés, elles n’ont pas abandonné leur travail, ni l’envie de gagner. Le plus beau cadeau qu’elles se sont offert et qu’elles ont bien mérité, c’est d’avoir donc remporté cette Eurocoupe à la fin de la saison.
Je pense donc que ce sont deux années très réussies, une bonne expérience !
As-tu quand même quelques regrets ?
Non, je n’ai aucun regret. Le seul que je pourrais avoir serait qu’après le titre en Eurocoupe, il n’y ait pas eu cette volonté d’aller encore plus loin, de progresser encore davantage pour être dans les « top clubs » du basket féminin européen. Malgré tout, je ne garde en tête que les meilleurs moments et je suis très fière de ces deux années en Turquie.
Tu as à peine quitté Galatasaray que tu t’es engagée avec l’équipe de Shanghai. Pourquoi ce choix ?
Ca s’est fait de manière très simple. Les dirigeants du club de Shanghai ont pris l’avion en direction de Belgrade pour me recruter. J’ai aimé la manière dont ça s’est passé, l’envie qu’ils ont pu me montrer. Je n’ai pas trop réfléchi. Moi, quand il y a un projet pour lequel j’ai un bon feeling, où je sens que quelque chose d’intéressant se met en place, j’y vais. Je ne me suis pas du tout dit « la Chine, c’est loin, etc. ». Je n’étais pas du tout dans cet état d’esprit. Je ne suis pas quelqu’un qui prend beaucoup de temps pour analyser, comme pendant un match.
Que penses-tu pouvoir apporter à cette équipe où il ne pourra y avoir qu’une seule joueuse étrangère ?
Cette expérience en Chine va être énorme ! C’est un tout autre monde. Je connais très bien leur équipe nationale. J’ai aussi un peu suivi leur championnat ces dernières années. Ils ont une culture basée sur une grande discipline, c’est bien connu, d’être très concentré sur le travail, d’être très travailleur. C’est quelque chose qui, comme on le sait, me tient à coeur et fait partie de ma philosophie. Je pense donc que mon habitude de travail correspond bien aux gens qui ont cet état d’esprit-là.
Il y a quelques mois, tu as décidé de reprendre ton poste de sélectionneuse de la Serbie. Peux-tu nous dire ce qui t’a donné envie d’y retourner ?
Le Président de la Fédération Serbe, Pedrag DANILOVIC qui, comme vous le savez, était un très grand joueur (passé par le Partizan Belgrade, Bologne, les Miami Heats et les Dallas Mavericks, ndlr), est venu me faire une surprise lors d’un match d’Euroligue à Istanbul en décembre. Je pense que c’était contre Villeneuve (rires). Il m’a tout simplement dit « ton pays a besoin de toi. L’Euro se jouera en Serbie, c’est maintenant ou jamais. On a besoin de toi, on ne peut pas faire sans toi. Je ne repars pas avant que tu me dises oui. » Il a été très franc et très direct ! J’étais dos au mur. J’ai accepté dans cet état d’esprit-là, encore une fois sans beaucoup réfléchir. J’ai beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner. Bien évidemment, on attend beaucoup de moi dans le pays après tous les résultats obtenus par le passé. C’est un challenge de « ouf » de rééditer cette performance en championnat d’Europe. Il n’y a pas beaucoup de gens qui auraient accepté.
Comme j’ai dit lors de la conférence de presse, je mets complètement mon image de coach à part car je suis très respectée dans mon pays. La Serbie a besoin de moi donc il ne faut absolument pas que je sois le personnage central dans cette histoire. Je vais tout faire pour que la Serbie gagne donc je vais faire de mon mieux et on verra ce qui se passe. Beaucoup de monde a insisté sur le fait que personne n’y retournerait parce que c’est extrêmement compliqué de faire aussi bien que le titre de 2015. C’est très difficile pour eux de ne pas avoir pu se qualifier pour le Mondial donc il faut repartir de l’avant !
Quel est le programme de l’équipe nationale pour cet été ?
L’équipe nationale de Serbie va se retrouver dans quelques jours à Zlatibor, dans les montagnes à 3-4 heures de Belgrade. Olivia EPOUPA connait cet endroit parce qu’elle y a passé un moment lors de la préparation d’avant-saison avec Galatasaray. C’est le camp de base de la Serbie. Je vais rencontrer toutes les joueuses, j’ai déjà vu certaines jeunes ou des joueuses qui n’étaient pas dans les 12 ces dernières années. J’ai un peu fait le tour de toutes les basketteuses serbes (rires) pour voir le travail à effectuer.